Jean-Baptiste Henri Durand-Brager, Marine, 1863.


Repeints dans la zone centrale

Suppression des repeints dans la zone centrale
Repeint vertical dans la zone supérieure droite


Suppression du repeint vertical en cours



Repeint vertical supprimé





Jean-Baptiste Henri Durand-Brager est né à Dol-de-Bretagne en 1814. il est mort à Paris en 1879.


Il entre dans l'atelier du mariniste Eugène Isabey après de nombreux voyages au long cours (Europe, Algérie, Sénégal et côte atlantique de l’Afrique). En 1840, il débute au Salon avec Bombardement en rade d'Alger. La même année, il participe à l'expédition chargée de rapporter les cendres de Napoléon Ier restées à Sainte-Hélène. De retour en France, en 1843, Durand-Brager envoie deux toiles au Salon et illustre aussi un important in-folio consacré à l'évènement. L'année suivante, Durand-Brager assiste comme peintre-reporter au bombardement de Tanger, puis à la prise de l'île de Mogador sous le feu des canons des vaisseaux français, commandés par l'Amiral Prince de Joinville ; deux grandes compositions lui sont commandées sur l’événement : elles feront de lui un spécialiste des batailles navales. Il reçoit ensuite la commande de vingt et un tableaux pour les galeries de Versailles, exposés au salon de 1857 ; ceux-ci transcrivent divers épisodes de la guerre de Crimée opposant la Russie à la France et au Royaume-Uni.

Le sujet :



Un exercice de tir décalé semble être représenté : les deux navires visibles au premier plan sont mouillés. L’objectif de l’exercice serait d’atteindre l’espace entre les deux navires.

Format : 101.4 x 160.7 cm


Support :
Châssis à base de bois résineux à croix simple, à clé (il manque 2 clés), biseauté et chanfreiné. Les sections sont 7.8 x 2.4 et 7.8 x 1.9 cm. Les assemblages sont ouverts de 3 à 7 mm. La croix centrale est renforcée de papiers kraft et d’autres papiers adhésifs.
Le bois de la traverse senestre présente une fente. 4 trous d’envol sont observés (l’infestation n’est sans doute pas active).

La toile est une toile de coton très fine, au tissage très serré. On compte 26 fils par cm dans le sens de la trame et dans le sens de la chaîne. Une marque de fabriquant est lisible au revers de la toile :


« Au spectre solaire / 18 quai de l’école / A Paris / Colcomb - Bourgeois ».

Ce fournisseur était extrêmement réputé au XIXe siècle : Charles Bourgeois (1759-1832), était graveur, peintre, physicien et chimiste. Il était reconnu pour la qualité de la préparation des couleurs (huiles et aquarelles), et plus particulièrement pour la synthèse de certains pigments comme la laque de garance ou le carmin de garance (synthèse mise au point en janvier 1816).
Charles Bourgeois dirigeait la Fabrique de Couleurs Au spectre Solaire avec son gendre et successeur J. Colcomb. Les peintres se fournissant à cette adresse étaient nombreux : Ingres, Ary-Scheffer, Granet, Delacroix, Winterhalter, Aligny, Chazal, Larivière, ou encore Corot.


Citons Ingres, qui dit à leur sujet en 1844 :

« Je recommande à la justice du jury [Jury central pour les produits de l’industrie française, 1844], M. Colcomb, qui, par ses belles couleurs et le soin qu’il donne à tout ce qui est à l’usage de la peinture, se distingue si bien que, ne nous eût-il donné que son seul carmin fixe de garance, il aurait droit à notre reconnaissance ; car nous en étions auparavant réduit à la laque de cochenille et autres laques très douteuses et toutes privées de la teinte violette ».

Le quai de l’Ecole est devenu l'extrémité est du quai du Louvre (Ier). Cette inscription indique que la toile a été fabriquée de 1816 à 1869.

La toile est très réactive et sa tension assez faible lui donne un aspect flottant qui pourrait porter préjudice au support. Un drapeau est d’ores et déjà visible dans l’angle inférieur gauche).

Interventions anciennes & altérations:
8 pièces sont collées au revers de la toile. Nous les numérotons de 1 à 8.

Pièce n° 1 : située à 19-26 cm du bord senestre : il s’agit d’une toile de renfort doublée de tarlatane (37 x 7 cm). L’adhésif a un aspect cireux jaunâtre. La pièce est renforcée d’une bade adhésive noire de 34.5 x 3.9 cm.

Pièce n° 2 : située à 60 et 28 cm des bords senestre et supérieur. Même nature que la pièce n° 1, 3.4 x 2.6 cm. La tarlatane de renfort mesure 4.6 x 3.9 cm.

Pièce n°3 : toile de lin (très contraignante), mesurant 20.5 x 38 cm.

Pièce n° 4 : même nature que les pièces 1 et 2. 1.7 x 2.04 cm. Tarlatane : 4 x 3 cm.

Pièce n°5 : toile enduite (adhésion très faible). 5 x 4.9 cm.

Pièce n°6 : même nature que la précédente. 5 x 7 cm

Pièce n°7 : ib idem. 4.5 x 2.5 cm.

Pièce n° 8 : situé sur la bordure dextre (sous les montants du châssis). 5 x 4 cm environ. Elle est placée à 21-26 cm du bord supérieur. Même nature que les pièces 1, 2 et 4.

Ces pièces correspondent à des coupures et déchirures anciennes. Ces zones sont repeintes et sont visibles sur la face (repeints aujourd’hui désaccordés). Leur absence de fluorescence sous UV permet également de les distinguer en lumière noire.

Outre ces repeints parfois débordants et une déformation importante à l’avers de la pièce n°1, le vernis oxydé donne une tonalité jaunâtre à l’ensemble de la marine.



Un soulèvement en arête de poisson est aussi visible : il correspond à la trace laissée par un objet contondant par le revers de la toile.






Préconisations :
Les préconisations de traitement de conservation-restauration pour cette œuvre sont les suivantes :
- démontage des pièces contraignantes (pièces 1, 3, 5, 6 et 7)
- nettoyage du revers et du châssis (démontage de l’ancien système d’alarme)
- reprise de la tension initiale nécessaire
- nettoyage de la face (décrassage et allègement de vernis)
- suppression des repeints débordants et désaccordés




Les tests de solvant effectués permettent d'évaluer avec quel méla,ge le vernis sera allégé.