...une allégorie des arts sous les traits d'un enfant

Huile sur panneau de bois, signée en bas à droit « Arnaud » ou « Armand »?

Format : 32.8 x 23.7 cm

Panneau de chêne à fil vertical débité sur quartier (ou quartier intermédiaire : puisque nous avons une différence de densité des cernes, il est possible qu’une partie du débit est intégré le cœur : on est à la limite du débit sur dosse, qu’on appelle aussi faux quartier). Ce type de débit peut expliquer le retrait du bois (le retrait hygroscopique est nulle dans le sens axial, il est triple dans le sens tangentiel (sur dosse) que dans le sens radial (quartier). Le quart senestre supérieur du panneau possède une tendance à la rétractation plus forte.

Le panneau est d’épaisseur moyenne (1.8 cm, 0.8 cm dans les zones biseautées). Il est biseauté sur ses quatre bordures. La coupe d’onglet supérieure montre qu’il a été réduit en hauteur d’environ 2 cm (la longueur de la coupe d’onglet est de 4 cm dans les angles inférieurs, et de 1.5 cm dans les angles supérieurs).

Le panneau est totalement contraint par son système de montage dans le cadre (il est maintenu sur les quatre bordures par des clous dans le cadre rigide). Cette contrainte à entraîné un retrait du bois (plutôt qu’une courbure). Ce retrait est à l’origine des craquelures en toit de la couche picturale. Ces craquelures sont directionnelles (dans le sens des fibres).

[le panneau de bois se rétracte lorsqu’il restitue de la vapeur d’eau dans une atmosphère sèche (la désorption). Il gonfle quand il absorbe la vapeur d’eau d’une atmosphère humide (la sorption)] La température idéale pour un panneau de bois est d’environ 20°C pour une humidité relative de 58%.

L'image en lumière rasante montre l'ampleur des soulèvements en toit.


Outre les soulèvements en toit liés à la contrainte du panneau de bois, quelques déplaquages apparaissent, laissant apercevoir une sous-couche vert-de-gris, qui pourrait être l’imprimature de la préparation.

Les préconisations pour ce panneau sont les suivantes :
  • Protection de la surface peinte et des écailles par pose d’un papier de protection poreux (papier de chanvre) à l’aide d’un adhésif réversible (éther de cellulose Klucel G dilué à 3% dans l’eau).
  • Démontage du cadre : les pointes doivent être limées pour pouvoir dégager le panneau de son cadre.
  • Suppression du papier de protection
  • Mise en enceinte climatique pour obtenir un taux d’humidité supérieur à 60%. Cette mise en enceinte à pour objectif de « détendre » le panneau, afin d’avoir suffisamment de place pour replacer les écailles.
  • Refixage localisé par la face des soulèvements en toit avec de la colle d’esturgeon diluée dans 3% d'eau, appliquée chaude. L’usage de spatule chauffante à 50°C est éventuellement nécessaire.
  • Décrassage de la surface. Ce décrassage par voix aqueuse a pour objectif de rendre son harmonie colorée à l’œuvre.

    Les interventions effectuées sur l’œuvre sont les suivantes :
  • Protection de la face (papier de chanvre, Klucel G dilué à 3% dans l’eau)

  • Démontage du cadre : ce démontage est extrêmement délicat, à cause du système d’attache invisible effectué avec les pointes. Ces pointes ont dû être limées (micro-limes pour métal) pour pouvoir extraire le panneau de son cadre. Il apparaît clairement que le panneau a été retaillé en haut et en bas après avoir été peint.

  • Mise en enceinte humide pour permettre au panneau de prendre sa courbure de façon progressive (l’humidité contrôlée dans l’enceinte permet de pouvoir observer la prise de courbure du panneau).
  • Le dégagement du papier de protection peut alors se faire, après qu’on ait pris soin de repérer les zones de soulèvement en toit. Dans les zones soulevées, un refixage à la colle d’esturgeon diluée à 3% dans l’eau a été effectué : application de la colle au pinceau à travers un papier de protection très fin (papier japon), remise dans le plan de l’écaille avec une spatule souple. Une faible chaleur est apportée pour ramollir d’avantage la couche picturale et permettre un séchage rapide de la colle. Dans certains cas, une mise sous poids est nécessaire. Cette méthode permet de ne pas avoir de chancis (blanchiments) comme il est habituel de voir pour ce type de refixage quand ils sont effectués à la spatule chauffante. La remise dans le plan est visible et le refixage efficace. Le décrassage a été réalisé au cours du dégagement des papiers de protection : le rinçage au bâtonnet humide a permis de décrasser de façon efficace la surface picturale.


Démontage du papier de protection au bâtonnet humide
Refixage d'une zone soulevée à la spatule souple. le séchage est accéléré avec un sèche cheveux


Suppression des résidus de colle et décrassage au bâtonnet humide.